Le projet de Stratégie de gestion de la croissance fait beaucoup parler depuis quelque temps, dans la presse comme dans la ville. La stratégie est nécessaire, puisqu’elle guide le développement de notre ville. D’ailleurs, la province nous oblige à prévoir une superficie assez grande pour au moins 15 années de croissance résidentielle, et la Ville veut optimiser l’usage de la superficie actuelle pour éviter dans la mesure du possible de repousser les limites du territoire urbain.
D’ici 2046, Ottawa devra loger plus de 400 000 nouveaux résidents, soit 40 p. 100 de notre population actuelle. Selon les prévisions, il faudrait 195 000 nouvelles unités d’hébergement, d’où une question : comment la ville peut-elle croître et faire place à ces nouvelles unités?
J’ai consacré beaucoup de temps, ces dernières semaines, à la Stratégie et au rapport connexe. Il faut absolument trouver la solution optimale. Je veux qu’Ottawa soit un lieu où les gens souhaitent vivre, maintenant et dans les années à venir.
J’ai participé à toutes les réunions conjointes du Comité de l’urbanisme et du Comité de l’agriculture et des affaires rurales, soit plus de 25 heures de présentations et de discussions.
Au terme de 18 mois de travail, le personnel de la Ville recommande ce qu’il appelle le scénario du juste milieu. Il s’agit de construire 51 % des nouveaux logements sur le territoire déjà bâti, où le taux de densification atteindrait 60 % d’ici 2046, et d’agrandir modestement le territoire urbain, à proximité des carrefours actuels ou prévus des transports en commun. Le tout selon le modèle d’un quartier où tout se trouve à 15 minutes de marche.
Le plan précise en outre que les nouveaux terrains ne pourront être adjoints au territoire urbain actuel qu’au moment où ils deviendront nécessaires, ce qui devrait arriver vers la fin de la durée d’application du plan, ou même ne jamais arriver si les prévisions ne se réalisent pas. Une autre ligne directrice interdit d’empiéter sur les terres agricoles. À mon avis, ce plan et les objectifs de densification sont très audacieux.
L’autre solution : ne pas agrandir le territoire urbain. Le cas échéant, 64 % des nouveaux logements devront être construits dans les limites du territoire actuel, et d’ici 2046, la totalité des nouveaux logements sera le fruit de la densification. Je ne crois pas que ce genre de quartier soit attrayant pour les futures générations, et cette voie ne me semble donc pas souhaitable.
Qu’en est-il pour Kanata-Nord?
On peut déduire de ce qui précède que la croissance des 20 à 25 prochaines années se fera par densification de tous les quartiers actuels, ce qui signifie construire en hauteur, construire différemment et construire à l’intérieur des limites existantes. Nos quartiers en seront transformés. Bien entendu, chacun des scénarios envisagés a de bons et de mauvais côtés, et le choix doit tenir compte de nombreux facteurs, y compris le changement climatique et l’abordabilité.
J’ai écouté, lu et analysé pour me faire une idée de ce que serait la meilleure solution pour notre quartier. Je crois que le scénario du juste milieu représente la meilleure démarche de croissance pour Kanata-Nord.
Vous êtes nombreux à me dire à quel point vous aimez nos espaces verts, nos parcs et nos sentiers. Ce sont en effet des éléments précieux de notre communauté. Nous sommes au cœur d’un combat contre la densification que représente le réaménagement du Kanata Golf and Country Club. Nous travaillons d’arrache-pied pour obtenir un nouveau parc, plus que nécessaire, dans Arcadia, et pour préserver le boisé Trillium et les hautes terres de South March. Je sais à quel point ces espaces vous sont précieux et ils valent amplement le combat. De fait, ils contribuent à la nature même de notre communauté. Pour beaucoup d’entre nous, ce sont des refuges. C’est pour eux que nous nous sommes installés à Kanata-Nord.
Pourtant, la densification est incontournable. Nous pouvons toutefois choisir le mode de croissance de manière responsable, ce qui passe notamment par le respect des quartiers et des espaces verts existants. Je souhaite que le charme et la verdure des quartiers établis comme Beaverbrook et Kanata Lakes soient préservés et je crois que vous le voulez aussi.
À mesure que notre ville grandira, il faudra probablement aménager de nouveaux quartiers où tout sera à 15 minutes de marche, donc étendre le territoire urbain actuel, ce qui implique de coûteux investissements en infrastructure et en services. J’ose pourtant croire que si nous choisissons la bonne méthode, si ces nouveaux quartiers sont connectés au réseau de transport en commun et que l’on peut aller à pied jusqu’à notre lieu de travail et aux diverses installations, nous pouvons réussir la croissance. Nous devons édifier des communautés où les gens voudront vivre tout en préservant l’attrait des quartiers actuels. C’est un équilibre fragile.
Un jour, Ottawa comptera 1,5 million d’habitants. Or, je préfère une ville où le logement est diversifié, ou les quartiers ont une personnalité propre, mais où chacun, chacune a un endroit où vivre et s’épanouir. Je crois fermement que le scénario du juste milieu est celui qui nous permet le mieux d’y arriver et de créer une ville où nos enfants et petits-enfants seront heureux de vivre.